mercredi 29 octobre 2014

MÉKÈSSEKECÉKESSESCANDAL ?

traduction : Mais qu'est-ce que c'est que ce scandale ? Réponse :
5 septembre, Paris. J'ai plus d'une heure d'avance au rendez-vous (filmer un conteur). J'en profite pour m'asseoir sur un escalier, sortir mon ordinateur afin de travailler une énième fois sur le premier documentaire en raccourcissant le générique de début que je trouve un peu lent. J'ai des ailes, les idées se concrétisent rapidement, je prévois de déposer le lendemain le film terminé sur You Tube et prévenir tout le monde...
Et puis...

Mais qu'est-ce que c'est que ce scandale ?
J'apprendrai, par la suite, que sortir un Mac et travailler dans la rue est une PROVOCATION Ah ? !
J'ai attiré l'attention sur moi ; ma naïveté et ma belle bêtise de futur volé doit éclater à la face des voleurs qui ne chôment pas. L'un d'entre eux s'approche silencieusement par derrière, attrape l'écran fermement et s'enfuit à une vitesse confondante, tel un Mercure ailé. J'ai beau hurler, appeler à l'aide, proférer le "Au Voleur" traditionnel, courir avec mes sandales usées, rien n'y fait, celui-ci est rapide, aguerri, et se fond dans un marché bruyant pour disparaître.
Le premier instant n'est rien d'autre qu'une catastrophe : mon monde s'écroule, je perds d'un seul coup beaucoup de travail, car j'avais TOUT dans les petites puces de cet engin si facile à dérober.
Tout, cela signifie les trois documentaires terminés, dont je n'avais pas établi de copie.
Oui, tu as bien lu, ô lecteur compatissant, je n'avais pas fait de copie, étant toujours happé par autre chose de plus urgent à réaliser.

(Petite note de la rédaction : le premier documentaire avait été copié et présenté et validé par la conteuse, mais je l'avais remanié et cette nouvelle version disparaissait à tout jamais avec les autres).
Je te rassure, ô lecteur accablé, les rushes (prises de vues) ne m'ont pas été volées, puisqu'elles étaient conservées ailleurs. J'ai donc le matériau de bases ; il ne me manquait plus qu'acquérir un ordinateur d'occasion, retrouver du temps pour refaire les montages et digérer l'épreuve. Mais j'anticipe, car je n'en n'étais pas à ce genre de pensées à ce moment-là.

Aujourd'hui, 1 mois et 24 jours plus tard, je peux écrire cet article avec humour ; je n'en n'aurais pas été capable sur le coup. Mais je tiens à témoigner de deux expériences intérieurs édifiantes.

Alors que je hurlais ma colère, mon dépit, ma tristesse, ma colère, ma tristesse, mon dépit, ma col... Répétant que je perdais TOUT mon travail, que c'était horrible, etc. Une voix intérieure (celle de Gimini Cricket, sans doute), m'a dit de façon intelligible, traversant les nuages de l'éruption volcanico-émotionnelle : "C'EST FAUX ! TU N'AS PAS TOUT PERDU, PARCE QUE TU AS UNE COPIE DE L'ESSENTIEL".
Ce qui était vrai, mais emporté par mon élan dramatique, je confondais les documentaires avec le reste, et j'étais persuadé d'avoir TOUT PERDU.
Ces quelques mots silencieux eurent un effet étonnant sur mon état de crise avancée, et je me calmais instantanément. Oui, je le dis et le maintiens, je suis devenu beaucoup plus calme.

La seconde phase intéressante eut lieu quelques minutes plus tard, plus loin, dans une rue. Je décidai lucidement qu'il était inutile de continuer à courir dans ce labyrinthe (de multiples rues adjacentes s'étaient présentées depuis, que le voleur aurait pu emprunter -mais pas voler...) et je me suis mis à dire tout haut, mais d'une voix calme : "JE NE PEUX PAS TE MAUDIRE ! NON JE NE PEUX PAS TE MAUDIRE". Il fallait que je dise tout haut l'inverse de ce qui se passait tout bas, car des images de vengeances terrifiantes apparaissaient, de façon autonome, dans ma pauvre tête de volé-accablé, qui n'avait plus loisir de jouer à la victime effondrée. Non, il ne m'était pas possiblement envisageable de suivre cette voix de la malédiction, car je ne voulais pas être lié de cette façon à "mon" voleur.
Je jure que je te dis la vérité, ô lecteur stupéfait, en ce moment, comme je prononçais ces mots, un calme intense et simple m'envahit et c'en fut fini du drame.
J'ose te dire, les yeux dans les yeux, ô lecteur ému, que depuis ce jour, je n'ai plus eu de traces émotionnelles.
Embêté : OUI.
Sidéré : OUI.
Accablé : NON.

J'arrivai à l'heure à mon rendez-vous (alors que m'avait traversé la tentation d'annuler la rencontre, au nom de... de quoi ? de... Rien).
J'ai raconté. Mon interlocuteur fut parfait.

Et le temps passa...

Je n'avais plus de machine pour travailler.
Et pas de temps non plus, car trois déménagements ont été accomplis simultanément, ce qui fait que le mois de septembre glissa à la vitesse du voleur.
Je refusai de me laisser aller sur la pente des regrets et des craintes : tout de même, j'avais perdu véritablement 2 (deux) mois puisque la dernière sauvegarde datait de juin, et puis, dans le contenu de l'ordi étaient des documents TRÈS personnels.
Tant pis. J'ai accepté que - peut-être - des gens s'amusent de ce qu'ils liraient ; l'on m'a dit que plus vraisemblablement, il avait été revendu très vite après que TOUT ait été effacé.

Quoi qu'il en soit, j'ai prévenu un être adorable qui se charge de mes ordinateurs depuis 25 ans, et il m'a promis qu'il allait s'occuper de moi et trouver un ordi d'occasion.

Et le temps passa....

Rien ne vint de son côté.
Rien ne se passait non plus du mien.
J'étais stoppé.
Net.
Dans mon élan créateur.
Impossible de me remettre au travail rapidement.
Pas d'émotion, certes, mais une incapacité à transformer les faits, à rebondir.
Pas de déprime.
Du vide.

Il y a quelques jours, tout s'est éclairci. j'ai décidé que je n'achèterai pas un ordi d'occasion, car avec ce qui m'attend, il me fallait une machine performante.
Et voilà !
J'ai un bel ordi tout-neuf-tout-beau que je ne me ferai JAMAIS VOLER !!!

J'ai de nouveau envie de m'y remettre.

Mais cela va prendre un peu de temps.

Je choisis donc, ô lecteur que je sais impatient, de ne pas me presser, et de te donner rendez-vous au début du mois de janvier 2015.
Je vais refaire le premier film, et les deux autres. Et prendre de l'avance puisque j'ai filmé en tout 6 personnes : 4 conteuses et 2 conteurs. Le programme jusqu'à juin 2015 est "complet".

Désolé pour ce contretemps.

Rien n'est perdu puisque la vie est là.

Je te salue, ô lecteur soulagé et toi aussi, ô lectrice compréhensive (car tu avais, je l'espère, compris que le "ô lecteur" qui ponctuait mon article s'adressait également à toi).